Un pogrom sous l’ère socialiste en Seine-Saint-Denis

DSC00571Il était une fois dans une ville nouvelle de Seine-Saint-Denis, municipalité socialiste, à deux pas d’un important centre commercial, un camp de Rroms qui gênait. Certes comme tous les bidonvilles, il était insalubre, boueux, sans eau ni électricité, les enfants n’allaient pas à l’école, ou plus exactement leur inscription avait été refusée par la municipalité, et aucune solution de relogement n’avait été proposée par celle-ci.

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Le lundi 15 octobre 2012 à 6 heures le matin, force allait rester à la loi et un impressionnant dispositif policier cernait les petites cabanes en planches (pas de caravanes, ce ne sont pas des gens du voyage), tandis que les hommes chargeaient le plus précieux, le plus vital dans les quelques camionnettes et voitures disponibles et que les femmes remplissaient des chariots de supermarché de leur vêtements et que plusieurs autres allaitaient leur nourrisson. Puis pendant que tout le monde était progressivement repoussé vers le boulevard circulaire, les pelleteuses entraient en action suivies quelques dizaines de minutes plus tard d’un malencontreux incendie accidentel (qui se prolongea les jours suivants) détruisait les restes du campement.

Force devant rester à la loi, une circulaire recommandant aux autorités la proposition de solutions de relogement, il était évident que la Mairie ou la Préfecture allait engager un dialogue avec les expulsés en vue de ne pas laisser dans la rue des enfants et des bébés au sein. Dans cet espoir les expulsés accompagnés du Collectif de Soutien aux Familles Rroms de Noisy le Grand encadrés par la police se sont rendus devant la mairie non loin de là pour être reçus par le Maire mais en vain. Toute la journée et toute la nuit, tous sont restés là en attendant une réponse qui n’est jamais venue, tandis que des membres du collectif se rendaient à la permanence du Maire et Député où ils étaient reçus par son attaché parlementaire qui leur dispensait de bonnes paroles.

Mais après les paroles… les actes et le lendemain mardi les forces de police cernaient de nouveau les expulsés et les militants et entreprirent ensuite de les accompagner dans la commune voisine de Champs sur Marne en Seine et Marne, moyen étrange de déplacer le problème chez le voisin.

Cet exode à pied fut l’occasion pour un certain nombre de bons citoyens de s’exprimer (crachats sur des militants et propos racistes : ils sont pires que des animaux, il faut brûler tout ça ), tandis que les jours suivants un blog identitaire (Euro-Reconquista association de disciples de Charles Martel) accusait entre autres les Rroms de véhiculer des souches résistantes de la tuberculose et invitait les bons citoyens, toujours eux, à venir cracher sur les membres du collectif dont ils publiaient les noms.

Mais à quoi bon tant d’humiliations et de violences, puisque comme l’écrit Saïmir un responsable Rroms Europe à propos de ses concitoyens : « nous ne disparaîtrons pas ».

En effet, je peux en témoigner ils n’ont pas disparu, soutenus par un ensemble hétéroclite, mais soudé par l’épreuve de militants d’ONG (ATD Quart Monde, Secours Catholique, Médecins du Monde), militants du Front de Gauche, simples citoyens (mauvais citoyens, ça va de soi) et une religieuse de 75 ans, les Rroms n’ont pas disparu, certains se sont dispersés vers des connaissances à eux, d’autres ont été hébergés par des particuliers et des salles paroissiales, mais tout cela dans le provisoire.

A l’heure actuelle, alors que la Seine-Saint-Denis regorge de terrains inutilisés et de maisons vides, le Préfet, le Président du Conseil Général, le Maire alertés par le Collectif aux fins de proposer une solution de relogement font toujours les sourds. Pourtant des solutions durables existent : auto – construction sur des terrains faisant l’objet d’une convention entre une collectivité et une association (Sucy en Brie, Gardanne en 2012), villages d’insertion (Saint-Denis). Ou, c’est l’ambition de nos amis, acheter ou louer un terrain viabilisé privé pour y faire de l’auto – construction. Il y a 15 000 Rroms en France. Les Italiens, Espagnols, Portugais furent beaucoup plus nombreux, sans parler des Rapatriés d’Algérie, et la France, malgré les bidonvilles parfois a su les intégrer. En attendant, les Rroms n’ont pas disparu, mais savent se fondre dans les forêts des bords des routes.

Patrice